24 LA TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE l’argent avec discernement, et on peut l’appeler le grand corrupteur. Jamais il n’a hésité à proposer le marché à tout individu un peu influent. Défiant, comme tous les despotes, Abd-ul-Hamid s’entourait d’une garde formidable d’Albanais et d’Arabes. Il leur accordait toutes les faveurs, pendant que ses troupes régulières, mal payées et à peine nourries, combattaient aux quatre coins de l’empire, en invoquant son nom ! Egoïste à l’extrême, il sacrifiait des sommes énormes pour faire bâtir, à Yildiz, un palais grand comme une ville, où vivaient 1.300 cuisiniers et porteurs de repas (tablakiars), 1.500 domestiques, 70 eunuques et 300 femmes. Cruel à l’excès, Abd-ul-Hamid a fait exécuter sans pitié tous ceux qui le gênaient. En 1896, les massacres d’Arménie, exécutés sur son ordre, ont fait plus de cent mille victimes. Tel est le résumé de son règne ! Le Panislamisme. Et ce Turc fort intelligent, mais ne possédant qu’une âme de barbare, a pu continuer longtemps ses persécutions et ses crimes, grâce à la protection toute-puissante de Guillaume II. Dans un premier voyage, en 1888, le Kaiser flatta les goûts, les manies d’Abd-ul-Hamid et encouragea ses desseins panislamiques. Tandis que Bismarck déclarait : « La question d’Orient ne vaut pas les os d’un grenadier poméranien », le nouvel empereur prenait comme base de sa politique l’alliance turque qui devait ménager à son empire le libre accès vers les Indes. Bientôt l’Allemagne devenait toute-puis-