46 I.A TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE unie à l’Allemagne? Mais il s’est agi là d’une alliance toute momentanée, comme celle conclue par les sultans avec les rois de France. «Qui veutla fin veut les moyens ! » Les Turcs, et Euver à leur tête, ont profondément admiré l’Allemagne parce qu’elle représentait la force brutale. Brutaux eux-mêmes au suprême degré, ils ne pouvaient qu’être séduits par la puissance militaire d’une nation dont la pensée maîtresse était de mettre la force très au-dessus du droit. Si la France avait été la plus forte, ils seraient aussitôt allés vers elle. L’alliance germano-turque ne représente donc pas une sympathie, mais seulement une utilité ! Et, si j’insiste sur le caractère ottoman, c’est que je le crois généralement mal connu. Noqs avons trop de tendances, en France, à juger les races orientales d’après notre mentalité. Nous avons aussi le défaut de trop vouloir englober tous les adeptes de l’Islam dans une même façon de voir et de penser. Il faut tenir compte des différences de race, de civilisation, des influences géographiques, etc... Les Turcs ne sont pas semblables aux Syriens ; ceux-ci sont différents des Arabes du Hedjàz ou du Nedjed et ces derniers fort loin de nos Algériens ou de nos Tunisiens. Les Turcs se considèrent comme les seuls vrais représentants de la puissance ottomane, les élus d’Allah, les messagers de la bonne parole, et leurs défaites n’ont jamais suffi pour leur enlever cette foi profonde qu’ils ont dans leurs destinées de conquérants. Les Turcs forment une race d’orgueil et de proie. Ils n’ont pas changé depuis Orkhan Ier, et Enver est le véritable type de l’Osmanli, courageux certes, mais fourbe et cruel.