NOS FAUTES 151 Dardanelles, de Testis (1917) (1) ; les Mémoires de l'ambassadeur Morgenthau (1919) (2). Mais si vous désirez connaître la Turquie, comme âme et comme paysages, n’hésitez point à relire Loti. Ses descriptions de la campagne turque et des coutumes de ses habitants sont fort exactes et, toute question de roman mise à part, personne n’a mieux dépeint la physionomie générale de l’Orient. Un seul reproche peut être adressé au grand romancier : c’est d’être un peu trop turc! Comment pourrait-il en être autrement ? Il a donné au pays des sultanes le cœur de sa jeunesse ; là-bas, il a aimé, et il est resté sous le charme du souvenir! Loti a bien compris l’âme ottomane, mais « au repos », en ne voyant d’elle que les beaux côtés, et en oubliant trop que, dans ses mauvaises heures, le Turc redevient le barbare d’il y a quatre siècles. Alors, il massacre! La presse, elle aussi, a beaucoup parlé de la Turquie, mais au hasard des renseignements plus ou moins exacts qu’on lui fournissait. Elle accepte trop volontiers, en effet, les opinions d’individus qui font du journalisme en amateurs et brodent bien souvent avec la vérité ! Elle crée des courants d’opinion sur l’armée, sur la politique étrangère et on les discute ^’autant moins que la première information venue est aussitôt reproduite par tous les journaux. La presse fait énormément de bien quand elle s’attache à défendre de nobles causes, mais aussi beaucoup de mal en propageant des idées fausses ou Préconçues dont elle n’a pas le temps de vérifier (1) Un vol. in-16, 5 fr. Payot, Paris. (2) Un vol. in-8, 12 fr, Payot, Paris.