56 LA TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE fession de bourreau de Madmoud II, et on appelait encore son père « le bourreau », à Constantinople ! Après le meurtre de Nazim-Pacha, perpétré en compagnie d’Enver et de Talaat, Djemal fut nommé gouverneur militaire de Constantinople. Ses principales fonctions consistaient à « écarter » de la scène les adversaires du comité Union et Progrès et il s’acquitta admirablement de cette tâche. Par la suite, il devint ministre de la Marine. Mais il était plutôt gênant pour ses collègues. D’abord il ne cherchait pas à dissimuler son antipathie pour les Allemand. Ensuite, de caractère violent, il se querellait souvent avec Talaat et Enver. Aussi ces derniers furent-ils très satisfaits de le voir partir au début de novembre 1914 et ils durent bien rire intérieurement quand le vaniteux marin d’occasion, promu général en chef de la 4° armée ottomane, déclara : « Je ne reviendrai pas à Constantinople, avant d’avoir conquis l’Egypte. » Djemal se contenta de se faire battre à plate couture par les Anglais dans toutes les rencontres qu’il eut avec eux et, pour se venger, il terrorisa les populations arabes et syriennes. Malgré tout, la réputation de francophilie de Djemal-Pacha était si sérieusement établie que, même au cours de la guerre, l’opinion publique française avait conservé de l’indulgence et de la sympathie pour cet aventurier. Nous restions persuadés qu’à un moment donné il se révolterait contre ses acolytes. Djemal pensait certes peu à la France. 11 trouva plus pratique de travailler pour lui, en se rendant presque indépendant du gouvernement de Constantinople.