44 LA TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE que par dégoût d’uu régime exécré. Et la réussite de ses projets, son entrée triomphale à Constantinople, avec Niazi et Nazim, l’ont grisé. Il s’est cru un grand homme ! Enver a toujours montré du courage personnel, un optimisme àtouteépreuve,lui permettant deprendre les initiatives les plus heureuses et aussi un extrême sang-froid. Malheureusement une immense vanité l’empêchait de bien peser et de juger convenablement les questions. Enver fut un intuitif, un impulsif, mais non point un penseur. Ses intimes l’appelaient« Napoléonik ». Enver se comparait en effet au grand empereur dont le buste se trouvait bien en évidence sur sa table de travail, au Séraskiérat. Cet esprit d’orgueil très accentué a faussé ses autres qualités. Il faut aussi reconnaître dans sa nature un autre défaut : la cruauté. Sous son masque impassible, il était un violent. La moindre contrariété le faisait entrer dans une colère terrible. En résumé, le caractère du dictateur militaire de la Turquie apparaît comme manquant d’équilibre. Ce qu’on ne peut lui contester, c’est d’avoir été un convaincu de la grandeur musulmane et un adepte enthousiaste de l’idée panislamique, partagée par tous les membres du comité Union et Progrès. Mais cette idée fut particulièrement vive chez trois hommes qui ont représenté une force puissante opposée aux demandes de réformes européennes : Enver, Talaat et Djemal. En fait, ces Jeunes-Turcs étaient plus vieux Turcs que leurs adversaires de la veille! Pourquoi leur reprocher d’avoir poursuivi une idée: