LES FAUTES TACTIQUES 203 nous avons commis une faute, non pas en essayant de passer, mais en ne connaissant point la situation précaire où se trouvaient les Turcs. Nous avons aussi bien méconnu cet important détail que beaucoup d’autres : effectifs de l’armée allemande ; création de son artillerie lourde; nombre. considérable de ses mitrailleuses, et surtout résolution de violer la neutralité belge! Est-il donc étonnant que nous ayons ignoré l’embarras des Turcs, relativement à la question « munitions », au moment de la grande attaque combinée des escadres franco-britanniques, le 18 mars 1915 ? Certes, après les formidables erreurs déjà commises, cette dernière n’est point faite pour nous surprendre ! Cependant les Alliés auraient pu avoir i’intuitioti de cette situation si défavorable pour la Turquie. En mars 1915, la Roumanie refusait de laisser passer les munitions allemandes ; la Serbie tenait ferme contre l’Autriche. La grande voie Hambourg-Berlin-Constan-tinople était de ce fait interceptée, et l’arsenal de Top-Hané se trouvait trop mal outillé pour fournir aux Turcs les munitions nécessaires. D’autre part, le matériel d’artillerie des Dardanelles laissait à désirer. Il comprenait beaucoup de grosses pièces Krupp, de modèle ancien. II semble que l’on n’ait pas tenu suffisamment compte de ce dernier facteur* si défavorable pour la défense. On aurait pu cependant avoir des données sûres par des agents qui, partant de la Bulgarie ou de la côte d’Asie, auraient pénétré, sans difficultés bien grandes, dans la capitale turque et nous auraient rapidement renseignés, prévenant l’amiral commandant les escadres alliées par télégraphie sans fil, par pigeon