LA GUERRE ET L’ITALIE guerre à l’Autriche n’avaient pu être obtenus, si les partisans de la neutralité l’avaient emporté, aurait-on pu voir les manifestations populaires, arrivées le 15 mai à leur plus haut degré de violence, dégénérer en un mouvement véritablement révolutionnaire ? Quelques témoins de ces événements l’ont pensé. « Je n’ai jamais si bien compris la Terreur, » nous confiait l’un d’eux. La princesse X... nous racontait également que, le soir du 15 mai, elle s’était crue transportée en 1793 lorsqu'elle avait vu une bande d’hommes du peuple envahir son appartement : ce n’était, il est vrai, que des orateurs suivis de leurs amis et qui avaient jugé que le balcon du palais était un excellent endroit d’où haranguer le peuple... Mais, une révolution, de nos jours, et avec les moyens puissants dont les gouvernements disposent, ne peut se faire sans le concours de l’armée. L’armée italienne se fût-elle prêtée à un pronunciamiento ? Se fût-il seulement trouvé chez elle l’équivalent de cette Ligue militaire qui, voilà quelques années, en Grèce, avait changé la face de la politique ? Rien ne permet de le croire, et les Italiens sont unanimes à écarter cette hypothèse. En même temps, toutefois, ils sont nombreux à dire qu’on ne peut prévoir ce qui se serait passé si le sentiment public n'a-