138 LA FRANCE ET LA TURQUIE La guerre de 1870 doit faire cesser cette précieuse collaboration qui, malheureusement, ne fut jamais reprise de façon effective, malgré les démarches pressantes des Turcs. Voilà l’œuvre française! Elle était immense et semblait devoir toujours durer. La révolution jeune-turque, malgré son caractère nettement nationaliste, ne pouvait anéantir en effet le travail de tant de siècles. Cependant, il y eut un homme qui tenta ce tour de force : Guillaume II, empereur d’Allemagne. Dans un chapitre précédent, j’ai déjà exposé que son meilleur moyen de rallier à la cause allemande tous les peuples mahométans fut l’exaltation de l’idée panislamique. Manque de jugement d’un empereur qui ne connaissait rien du monde musulman et qui obéissait aux suggestions d’illusionnistes et de visionnaires pour lesquels la soudure des peuples orientaux était chose facile, alors qu’au contraire les différences de races et de religions rendent cette fusion infiniment délicate! Guillaume II avait donc rêvé une alliance germano-islamique, et il croyait à la réalisation facile de ses projets parce que les sympathies des Turcs sont allées rapidement vers lui. Dans leur simplicité, ils se figuraient que Guillaume était un défenseur convaincu de la tradition musulmane. Pour grouper l’Islam et avoir la Turquie pour alliée, il fallait cependant détrôner l’influence française dans cet, Orient où elle régnait en souveraine. Comment procéder? Proscrire notre langue semblait impossible. C’était là un travail de plusieurs générations. Remplacer nos fonctionnaires dans les admi-