54 LA TURQUIE A TRAVERS I,’HISTOIRE tain, souriant toujours, tel se présentait à première vue Djemal-pacha, ministre de la marine. De manières expansives, autant que Talaat et En-ver étaient froids, Djemal s'efforcait de plaire. Loquace, parlant fort bien notre langue, il se montrait d’une très grande amabilité avec les Français. Il détestait les Allemands, comme tout bon musulman abhorre ceux qui veulent dominer sa race. Aussi avons-nous pu croire qu’il aimait sincèrement notre pays. En fait, cette atfection était simplement l’expression d’un sentiment d’orgueil et d’égoïsme. Djemal ne pouvait faire moins que de rendre en amabilités les prévenances de nos nationaux. Car Djemal était la coqueluche des salons de Péra et se .trouvait lié d’amitié avec les notabilités les plus marquantes de la colonie française. Comment eût-il pu en être autrement, vis-à-vis d’un homme qui ne jurait que par la chère France, sa seconde patrie? Djemal a été le plus parfait égoïste et le plus cynique Tartuffe de la Turquie moderne. Extrême-mept intelligent et d’apparence aimable, il a su séduire nos compatriotes, qui déclaraient à l’envi : « Djemal est plus Français que Turc! » Aussi ce cher ami de notre pays fut-il choisi par la bande des Jeunes-Turcs pour contracter un emprunt laborieux, et que l’Allemagne fort pratique refusait d’accorder aux Osmanlis. Djemal-Pacha partit pour Paris dans les premiers jours dejuillet 1914. A la gare de Sirkedji, la colonie française vint lui souhaiter un bon voyage. Nous étions fiers qu’il entreprît un si long trajet pour aller recevoir nos millions ! Djeipal assista à la revue du 14 juillet, à côté du