92 l’armée turque bleu-foncé et pantalon noir. 11 est coiffé du fez. Petit, ramassé, l’air assez indifférent, Youssouf-izze-dine semble malheureux. Arrivé devant la tribune d’honneur, il répond assez froidement au salut des officiers allemands, puis s’assied à l’écart. Quelques vieux maréchaux viennent lui tenir compagnie. Mais voici un peloton de cavalerie qui débouche sur le terrain de manœuvre, dans un nuage de poussière, précédant deux cavaliers. Le premier est très grand et très droit sur sa selle. Son air est hautain. C’est Liman von Sanders, monté sur un grand cheval du Mecklembourg, superbe bête qu’il conduit avec une habileté consommée. A sa gauche, se tient son aide de camp, le capitaine von B..., aussi petit que son général est grand, mais monté sur un tout aussi grand cheval, ce qui lui donne un peu l’air d’un singe sur un éléphant; l’air dédaigneux, du reste, et le monocle vissé dans l’œil. Un murmure d’admiration court dans les rangs des officiers turcs. En effet, Liman von Sanders a grand air ! C’est un cavalier de flère allure, et l’air franchement ridicule de son officier d’ordonnance fait encore mieux ressortir sa mâle prestance. Un autre coup de clairon, et les commandements se succèdent : Haas doûr ! (Garde à vous!) Selam doûr! (Présentez armes!) Cette fois-ci, c’est le sultan, précédé d’un escadron de lanciers de la garde, coiffés du haut kalpak orné de plumes de paon formant aigrette, vêtus de rouge et d’amaranthe. Leur tapis de selle est fait d’une peau de jaguar. Ces lanciers sont de beaux