LES FAUTES TACTIQUES 217 populations qui ne leur apportaient aucune aide. En Syrie et en Palestine, ils avaient contre eux les Arabes. Au contraire, tant que les Turcs ont eu des vivres et des munitions, ils se sont courageusement et énergiquement conduits. Ne diminuons pas systématiquement le mérite d'une armée qui, en face des plus vaillantes troupes de France et d’Angleterre, a fait bravement son devoir et a su combattre avec assez de mépris de la mort pour mériter l’estime de nos soldats. D’autre part, sachons reconnaître que si les 1er, 9e, 10e et 11e corps ottomans ont subi une écrasante défaite en Arménie, cette dernière est due à l’imprudence d’Enver-Pacha-qui, au lieu de suivre les conseils de l’état-major allemand, en essayant les chances d’une grande bataille vers Sivas, alla chercher en plein hiver une gloire problématique dans une région des plus montagneuses. On oublie trop le succès ottoman de Kut-el-Amara (28 avril 1916), et la contre-offensive turque du mois d’août de la même année dans la région Mouch-Bitlis-Van-Ourmiah. Malgré leurs échecs successifs, les Turcs ont réussi à immobiliser sur les différents fronts, de façon continue, près d’un demi-million d’hommes. C’est, avouons-le, un résultat appréciable.