220 LA TURQUIE ET LA OÜERIÎE essentiellement vitale, ont survécu au milieu des plus effrayantes persécutions. Très loin de l’Europe, dans l’impossibilité d’en recevoir un secours quelconque, démunis d’armes, entourés par les armées turques, il semblait qu’ils devaient, cette fois, disparaître à jamais! Il en reste assez pour refaire une grande nation. Puisse la pitié leur être conservée ! Ils ont tant souffert, après avoir tant espéré ! Je me rappelle avec quelles démonstrations de joie ils accueillirent les dix officiers français qui furent envoyés chez eux en mai 1914! L’opinion publique s’est souvent indignée à leur sujet. Et puis elle a oublié vite les souffrances infinies de la nation martyre ! Au moment de chaque tuerie des Turcs, de grands dévouements se sont manifestés : celui de lord Byron, allant combattre pour les Grecs; du baron Fabvier, général et pair de France, se dévouant pour la même cause. De. grandes voix aussi se sont élevées, entre autres celle de Gladstone, traitant au parlement Abd-ul-Hamid d’assassin. Mais, hélas! les indignations se calment vite et on en arrive même parfois à discuter les torts des massacrés, qu’il s’agisse des Grecs, des Arméniens ou d’autres!... * * * J’étais en Turquie, au mois do mai 1914, au moment où eurent lieu les massacres d’Aïvali (nord de Smyrne). A vrai dire, la société de Constantinople était assez peu émue de ces événements. Notre ambassadeur, M. Bompart, adressa de sévères représentations au gouvernement ottoman. Alors Talaat, en parfait comédien, se décida à visiter 1a. région où