L'AVENIR 29o leversements de cette guerre immense, nous devons assister à un de ces retours à la modération dont l’histoire, après les grands cataclysmes, montre tant d'exemples, l’Italie, sur ces données, peut trouver à remplir un rôle d'arbitre qui la grandira d’une façon singulière. Il se peut aussi, toutefois, que les événements tournent de telle sorte qu’une politique de juste-milieu arrive trop tard. Après un an passé de guerre, les projets et les vues de l’Allemagne commencent à nous apparaître avec plus de clarté. Les rêves d'hégémonie européenne qu’on lui prêtait étaient vagues. Ils se sont précisés à mesure que se développait la lutte. On a dû s’apercevoir que la guerre de 1914-1915 était conçue par les Allemands comme la suite naturelle des trois guerres de 1864, 1866 et 1870, comme la guerre qui doit achever l'unité nationale de l’Allemagne, incomplète aussi longtemps que l’Autriche ne fera pas de nouveau, et comme autrefois, partie de l’Empire germanique. L’idée essentielle de Guillaume II paraît bien être celle qu’ont reprise tour à tour les théoriciens panger-manistes, c’est-à-dire la formation dans l’Europe centrale d’un puissant Etat par la réunion des domaines des Habsbourg à l’Allemagne proprement dite. La manière dont le gouvernement