GRANDEUR ET DÉCADENCE DE LA FRANCE EN ORIENT 431 d’Orient se résume dans une idée de machines et de rails. Elle se rapporte aussi aux problèmes concernant la formation des nationalités et l’émancipation des peuples asservis depuis des centaines d’années par une nation tout asiatique, dont la place est mal indiquée en Europe. Mais si l’on réfléchit bien et si l’on ne veut pas voir l’histoire seulement sous l’objectivité du sentiment, on ¡né peut s’empêcher de méditer sur la fameuse phrase de Guillaume II : « La prochaine guerre sera une guerre de chemins de fer ». L’empereur d’Allemagne, en prononçant ces mots, songeait certainement d’abord à la concentration rapide de ses divisions, en cas de guerre. Mais il laissait supposer aussi que les causes du futur conflit, mondial seraient dues pour beaucoup aux compétitions engagées relativement à la prédominance des réseaux ferrés. Les chemins de fer sont comme les veines des nations dont ils développent la richesse. Un peuple sans voies ferrées devient forcément tributaire de ses voisins. Il est obligé d’acheter et, ne pouvant vendre, il s’anémie et meurt. Le problème vital des chemins de fer fut admirablement compris, dès 1870, par l’Allemagne et l’Autriche. Elles saisirent fort bien que, pour dominer la Turquie, il fallait se faire accorder par cette dernière la concession de la majorité des voies de fer. Considérez la politique pangermaniste, menée depuis un demi-siècle par les cabinets de Berlin et de Vienne, klle se résume en trois mots : « Drang nach Osten » iLa poussée vers l’Est]. Et cette pénétration se fera moyen des chemins de fer établis en Macédoine,