LES TROIS 53 enthousiastes des soldats qui, on le sent très, bien, aiment profondément Enver le Réformateur, à l’égal de tous leurs camarades de l’armée turque. Une rapide visite des chambrées de l’école suit. Puis l’assemblée se groupe au centre de la cour où un hodja (prêtre) tranche la gorge d’un agneau. Ensuite, trempant la main dans le sang, il l’agite aux quatre coins de l’horizon, en psalmodiant l’éternelle prière musulmane. - La bénédiction de l’Ecole est finie! Enfin, comme en Turquie on se pique d’hospitalité, voici le lunch. Sur la table, force carafes d’eau et pastèques, concombres, figues et du dolma, plat composé de légumes farcis, de riz et de viande hachée. Bientôt l’assemblée se sépare. Talaat part d’un côté et Enver de l’autre... Si j’ai présenté au lecteur ce long récit, au sujet d’une cérémonie d’assez médiocre importance, c’est surtout afin de faire bien comprendre combien en Turquie l’élément militaire accentuait ses manières avantageuses vis-à-vis de l’élément civil. Talaat, profondément sceptique, s’en consolait aisément et, quand Enver se retrouvait avec lui au sein du comité U. et P., il se contentait, pour prendre sa revanche, de lui faire admettre sans trop de difficultés ses propres desseins. Enver, le traineur de sabre, s’y ralliait facilement. Ne lui restait-il pas le prestige militaire qui, à ses yeux de soudard parvenu, lui semblait être tout? Djemal. Petit, trapu, les cheveux très noirs, la barbe châ-