LA VIEILLE TURQUIE 13 Décadence militaire de la Turquie. Le Turc était descendu de la Sibérie méridionale dans un état de sauvagerie à peu peu complet. Alors que les Arabes s’étaient vite affinés au contact des Grecs, les Turcs devaient se civiliser à peine au milieu des peuples qu’ils avaient conquis, et ce fut un terrible recul pour la civilisation que cet envahissement progressif des hordes ottomanes, venues des steppes de l’Asie centrale. Habitués à une existence de privations, cavaliers infatigables, à l’égal des Huns et des Mongols, leurs frères de race, les Turcs ont représenté jusqu’au xvne siècle le type des soldats vagabonds du Moyen Age, mettant leur force brutale au service de l’idée religieuse. Renforcés constamment par les peuples asservis, ils demeurèrent longtemps vainqueurs, car les premiers moyens d’action militaires étaient rudimentaires. Quand on commença à utiliser les armes à feu, leur valeur guerrière ne diminua pas aussitôt. 11 était relativement facile de manier les premiers fusils à pierre. La balle ne faisait que préparer le choc brutal et la véritable tactique n’existait pas. D’autre part, l’armée turque représentait un organisme très fort, avec le corps des Janissaires. Depuis Orkhan Ier, toute famille chrétienne, en pays annexé, était obligée de fournir au sultan un enfant sur trois qu’elle possédait. C’était la loi du Devchurmé (cueillette). Les enfants ainsi enlevés étaient instruits dans des écoles militaires, et, une fois parvenus à l’âge de dix-sept ans, on les versait dans le corps des Janis-