90 l’armée turque de lanciers. Total : une vingtaine de mille hommes. Les soldats sont en tenue de campagne : uniforme kaki et bonnet de forme bizarre, remplaçant l’habituel kalpak en peau de mouton. Cette coiffure ressemble à notre bonnet de police, avec des ailes ramenées des deux côtés et qui, dépliées, peuvent protéger les oreilles et le menton du soldat par les temps froids. Les hommes sont sac au dos, sous un soleil de plomb. Appuyés sur leurs fusils, ils attendent, pour défiler, l’arrivée du sultan et de la mission allemande, car cette revue doit être une démonstration german»-turque, à la veille du conflit mondial que l’on ne soupçonne point, mais dont l’état-major allemand et les Jeunes-Turcs devaient être déjà informés. J’avais déjà été fort étonné en considérant, au passage des détachements, dans les rues de Constan-tinople, le sac du fantassin turc. Cette fois-ci, je reste stupéfait en examinant de près tout ce que porte ce sac, un jour de revue : souliers ferrés, sur le côté, avec toile de tente, piquets, outils; derrière, gamelle et marmite de campement; en dessus, effets d’habillement et grande couverture de couchage. Enfin, d’après ce que m’explique un officier, l’intérieur du sac contient encore des cartouches, des vivres de réserve, du linge, etc... C’est formidable! Une trentaine de kilos tout au moins. Il faut vraiment être fort comme un Turc pour porter pareil bagage! Les hommes sont sur le terrain depuis une heure, et ils attendront une autre heure avant l’arrivée du souverain. Pendant ce temps, je n’ai pas vu un soldat tomber. Quelle force et quelle discipline représentait cette armée !