AU SEUIL DE LA GUERRE 157 française de réorganisation de la gendarmerie ottomane, le général Baumann, quitta Constantinople pour un voyage d’inspection en Anatolie et en Arménie, avec son officier d’ordonnance, le capitaine Ahmed-Bey. Les événements étaient déjà peu rassurants. La mission française se trouvait réduite, par suite du départ en congé de plusieurs officiers, et je me rappelle les journées d’angoisse que j’ai passées dans la dernière quinzaine de juillet, en constatant l’activité toujours grandissante de l’armée turque et la douce quiétude dans laquelle se complaisaient les colonies étrangères. C’est avec beaucoup de peine que j’essayai de faire prévenir le général dont j’ignorais l’itinéraire, et c’est surtout grâce à l’intervention deM. Delaunay, ingénieur des chemins de fer d’Orient (1), que j’ai pu régler des questions difficiles. Je lui en manifeste ici toute ma reconnaissance. M. Bompard, notre ambassadeur, demanda des instructions à Paris au sujet de la mission française. Le 1er août, le ministre de la Guerre envoyait un télégramme à chacun de ses membres, ordonnant de rejoindre la France. Ce n’est pas sans émotion que je me rappelle aujourd’hui la foule toujours grossissante de nos compatriotes; ralliant Constantinople de tous les points de l’Orient, la plupart sans ressources, perdant position et fortune, mais tous animés d’une foi admirable dans la victoire de la Patrie ! Le 3 août, j’allai faire mes adieux aux officiers turcs qui avaient été mes collaborateurs, entre autres (1) tievenu lieutenant-colonel à l’armée de Salonique, au cours de la campagne.