L’AVENIR 287 sentimentales qui, semble-t-il, conservent de la valeur aux yeux d’une partie au moins des Alliés. Qu’il s’agisse, par exemple, en un futur congrès, d’organiser l’Europe conformément ail principe des nationalités, comme il en aura été si souvent question chez nous et chez les Anglais, on peut douter que l’Italie se trouve toujours et sur tous les points d’accord avec la France et l’Angleterre. Pour ce qui est de l'Orient, en particulier, indépendamment de leurs intérêts spéciaux, de leurs vues personnelles, les Italiens nourrissent un scepticisme assez justifié quant à la vertu du principe des nationalités et ils seraient disposés à voir en lui un facteur de trouble plutôt qu’un facteur de pacification. N’oublions pas qu’il s’agit pour les Italiens de questions d’une portée pratique et immédiate, de peuples avec lesquels ils sont en contact, dont ils ont l’expérience directe. Ils ne croient pas qu’une formule soit capable d’agir comme une baguette magique et de débrouiller ce chaos. Surtout, ils ne sont d’humeur à sacrilier ni leur sécurité ni leurs projets à une théorie qui leur paraît au surplus contestable. Réaliste dans la guerre, l’Italie le sera encore dans la paix : voilà un premier point, un point essentiel qu’il ne faudra, à aucun moment, perdre de vues