GRANDEUR ET DÉCADENCE DE LA FRANCE feN ORIENT 129 En 1738, la Russie essaye de supplanter l’influence française. Un habile diplomate, de Villeneuve, parvient à la maintenir, au bénéfice même de l’empire ottoman. C’est grâce à la France, en efTet, que le sultan peut contre-balancer l’influence autrichienne. Certes, la politique des rois de France, rois très chrétiens, n’était pas, dans ces temps reculés, en harmonie parfaite avec les sentiments religieux de leurs sujets. Mais il faut se souvenir du chaos où a vécu, pendant des siècles, la vieille Europe, et de la confusion qui a précédé la formation des nationalités et la libération des peuples ! Cependant, au nom de l’idée de justice et de celle de pitié, les puissances européennes, et la France à leur tête, s’unirent parfois pour combattre cette Turquie qui avait réduit en esclavage les Grecs, les Serbes, les Bulgares et les Arméniens. Qu’on se souvienne de l’expédition d’Egypte et des défaites ottomanes à Gaza, à Zaffa, à Héliopolis (1799-1800). Qu’on se rappelle Navarin (1827) et aussi notre intervention pour la délivrance de la Grèce (1828). Cependant, malgré des périodes d'hostilité momentanée, la Turquie revient toujours vers la France. Elle s’est battue contre les troupes de Bonaparte, de Desaix, de Kléber, en Egypte et en Syrie, et quelques années plus tard, elle demande des instructeurs à Napoléon. En 1809, le général Sébastiani empêche la flotte anglaise de prendre Constantinople. Pendant la campagne de Crimée, un corps d’armée ottoman, sous les ordres d’Omer-Pacha, combat aux côtés des français et des Anglais. Avec la France, la Turquie a des brouilles passagères qui se terminent vite par une réconciliation. 9