208 LA TURQUIE ET LA GUERRE La lecture attentive des rapports du général Hamilton renforce cette impression première. On sent très bien que l’attaque projetée va être conduite sans renseignements suffisants sur la nature du terrain, et les premiers faits relatifs au débarquement ne diminuent pas cette impression fâcheuse. Mais là où on reste le plus étonné, c’est au sujet de la poursuite insaisissable de la victoire, dans un terrain bouleversé, raviné, rocheux, sans eau, contre un ennemi formidablement retranché sur des positions toujours dominantes, ayant à sa disposition des troupes en quantité considérable, bien approvisionnées et transportées rapidement sur le champ de bataille, d’abord par un excellent chemin de fer et ensuite par une bonne route. En particulier, on reste confondu, quand on examine le détail du terrain, de voir les difficultés presque insurmontables présentées par le massif du Sari-Baïr, attaqué du 6 au 10 août 1915 par les corps d’armée Birdwood et Stopford. Les fautes des Turcs. 11 a fallu toute la maladresse tactique des Turcs pour permettre le débarquement franco-britannique sur certains points du littoral de la presqu’île de Gallipoli. Il a fallu aussi toute leur inertie pour qu’une attaque aussi risquée que celle entreprise par les An-zacs et le 9° corps anglais contre le Sari-Bai'r fût sur le point de réussir. Cela n’a du reste rien de surprenant! Lors de la campagne de 1877 contre les Russes, les grand’gardes ottomanes laissèrent ces derniers franchir le Danube dans des conditions de difficulté