102 l’armée turque * * * Des hommes sérieux, avertis (les choses de l’Orient, auraient vite compris la valeur cachée de cette armée. Mais nous manquions en Turquie de compétences techniques capables d’éclairer le gouvernement. L’élément civil, absorbé par ses affaires ou ses plaisirs, se désintéressait des questions militaires. Aussi répétait^on à l’envi, chez nos gouvernants mal renseignés, toujours le même refrain : « Les Turcs n’ont plus d’armée ! » Les Français de Constantinople auraient dû regarder plus attentivement le soldat turc de 1914. Malheureux sur les derniers champs de bataille, il avait cependant conservé une âme de guerrier. Sa foi dans l’Islam restait intacte. Sa force physique, son courage étaient incomparables. Employé comme il convenait par l’Allemagne, ce descendant des vieux Janissaires pouvait être dangereux' encore. On a nié tout cela; on s’est moqué des rares écrivains qui ont osé exposer ces pensées ; on a traité de rêveurs les voyageurs et les touristes assez francs pour parler le langage de la vérité. La légende de l’armée ottomane, «existant seulementsurle papier», a été la seule acceptée par la vieille Europe. Elle nous a conduits aux Dardanelles ! Nos imprévoyances d’avant-guerre. A Constantinople même, la colonie française refusait de voir et de comprendre. L’effort coûte tant en