OPÉRATIONS MARITIMES 175 escadres restent immobilisées ; les défenses du détroit sont de plus en plus améliorées, et les Turcs peuvent dire : « On ne passe pas ! » Cependant ils avaient eu très peur ! Un livre paru en 1917 sous la signature du docteur Harry Stuermer (1), ancien correspondant de la Gazette de Cologne à Constantinople, avait déjà révélé des côtés sensationnels de la question. Lors de la gigantesque tentative de percée du 18 mars, dit l'auteur, le sacrifice de quelques vaisseaux de plus et une prolongation de combat de quelques heures auraient décidé le sort des Dardanelles. Archives, caisses, or, tout avait déjà été transporté à Konia, en Anatolie. » Cas révélations émanant d’un Allemand restaient sujettes à caution. Mais un livre est paru, voici peu de temps, qui confirme les déclarations précédentes. Je veux parler des Mémoires de M. Morgenthau, ambassadeur des États-Unis à Constantinople (2). M. Morgenthau certifie que les Dardanelles furent sur le point d’être forcées, les Turcs ne possédant presque plus de munitions. Voici comment il s’exprime à ce sujet : « Une discussion animée eut lieu à l’ambassade américaine, dans l’après-midi du 24 février. Le premier grand bombardement des Dardanelles avait eu lieu cinq jours auparavant et avait détruit les forts à l’entrée du détroit. L’unique sujet de conversation était donc de savoir si les flottes alliées passeraient et ce qu’il adviendrait. Chacun ex- (1) Deux ans de guerre à Constantinople. fJn vol. in-iü, S fr. Payot, Paris. (2) Mémoires de VAmbassadeur Morgenthau. Un vol. iu-8, Î2 fr. Payot, Paris.