94 i/armée TURQÜE * * * Un commandement retentit, lancé parEnver Pacha d’une voix rauque. Le défilé va commencer. Les bataillons d’infanterie sont dans la formation « en masse », chaque compagnie déployée sur deux rangs à vingt pas de la précédente. Un changement de front est rapidement exécuté. L’armée turque est prête pour défiler. Enver est placé à cheval, à gauche de Liman von Sanders, et à quelques pas du sultan Mehmed. Les officiers du kaiser forment un groupe compact en arrière et à droite. Décidément le Commandeur des croyants est bien gardé! Voici les premières compagnies. En tête s’avance sur un très joli cheval noir le vieux maréchal Osman, celui que les officiers turcs appellent « le Tatar », car il représente le type mongol dans toute sa pureté. Les troupes défilent, compagnie après compagnie, au son de leurs musiques qui jouent l’hymne national, aux mélopées traînantes et tristes. Je n’avais jamais vu défiler des troupes ottomanes en pareil nombre et je m’attendais à assister à une parade plutôt quelconque. Aujourd’hui, à bientôt six ans de distance, je ne puis oublier le spectacle magnifique que j’ai eu sous les yeux : les compagnies turques, à l’effectif de guerre, défilant au pas de parade, alignées comme un mur ! L’allure générale des soldats est lourde, mais cependant rythmée. Les fusils sont placés dans un parallélisme absolu. Je n’aurais jamais supposé que l’infanterie turque pût se présenter de façon aussi