74 LA TURQUIE À fRAVERS L’HISTOIRE complètement désabusé, son preinier mouvement fat de refuser le pouvoir. Il ne l’accepta qu’à contrecœur. « Je ferai, répondit-il, tout ce que je pourrai pour le salut de la nation et de la patrie. Je n’ai pas d’autre but, » En même temps qu’Abd-ul-Hamid se voyait annoncer officiellement sa déchéance, Réchad arrivait au Séraskiérat (ministère de la Guerfe) oü l’attendait cette armée qui, comme ses aînées, venait une fois de plus de renverser un sultan, pour en proclamer un autre. Mahmoud-Moukhtar, Ahmed-Rizà et Saïd-Pacha s’avancent vers Mehmed et lui baisent la main. Le Cheik-ul-Islam récite la prière. Mehmed Y jure de rester fidèle à la constitution. Des acclamations s’élèvent. Une ère nouvelle commence pour la Turquie, que l’Europe attentive espère être toute de liberté, et qui sera de sang et de deuils. Mehmed V représentera seulement un fantôme de sultan ! Pour bien le lui montrer, les Jeunes-Turcs commencèrent par pendre son gendre. Talaat se chargea de porter au padischah la sentence de mort. Quand il lui demanda de la signer, ce dernier se traîna aux genoux du grand dictateur, demandant la grâce de son parent. Talaat resta inflexible. Mehmed signa l’ordre d’exécütion et le gendre impérial fut pendu en même temps que douze autres condamnés ! Les Jeunes-Turcs avaient besoin d’un mannequin vers lequel se tourneraient les pensées du monde islamique. Ils ne pouvaient mieux trouver que ce Mehmed V, pauvre vieillard, aux facultés affaiblies et qui devait rester absolument sous leur domination.