GRANDEUR ET DECADENCE DE LA FRANCE EN ORIENT 139 nistrations et les services ottomans paraissait plus facile. Cependant, là encore, le kaiser se heurtait à la tradition ! Rainer notre commerce, en favorisant l’introduction dans l’empire ottoman des produits germaniques? C’était un moyen, mais non décisif! Il permettait de réaliser des bénéfices immédiats, sans ruiner définitivement le prestige de la France. Ces divers procédés n’assuraient pas à Guillaume II une réussite suffisamment rapide. Il fallait trouver mieux pour arriver à un résultat immédiat, et surtout pour réaliser le rêve panislamique qui était la pensée maîtresse de l’empereur allemand, autant que de la Jeune-Turquie. Enfin Guillaume trouva : il s’agissait de conquérir l’empire ottoman par l’emprise complète sur son armée. Le Turc est un soldat né. Sous ses dehors nonchalants, il a conservé une âme do janissaire. Les lois mystérieuses de l’atavisme le plient très facilement à la discipline. Il obéit parce que, pendant des siècles, il a été l’esclave soumis des sultans, des pachas et des valis. Il ne raisonne point, Pour lui, obéir c’est servir! Très fort, supportant facilement les privations, ne murmurant jamais, doué d’un grand courage, le Turc représentait pour le kaiser le soldat rêvé. En France et en Angleterre, on niait systématiquement qu’il existât encore une Turquie guerrière. Notre haut commandement croyait fermement que 1 armée ottomane était morte dans les plaines de I^ülle-Bourgas et de Kyrk-Kilissé. Le kaiser, mieux renseigné, savait qu’il était relativement facile de reconstituer une excellente armée de plus d’un demi-