LE MOIS HISTORIQUE DE L’ITALIE (MAI 1915) 277 vait pas reçu satisfaction, si M. Salandra n’était pas revenu au pouvoir. Et l’on pense en même temps que, si les neutralistes l’avaient emporté, la répression et même les représailles qu'ils auraient exercées, eussent été sévères. Il nous est arrivé d’entendre soutenir, — ce qui est peut-être exagéré, — que M. Giolitti, en reprenant sa dictature, n'eût pas hésité à faire fusiller Gabriele d’Annunzio. Ainsi l’autorité du roi aurait fait faire à l’Italie l'économie, non pas sans doute d'une révolution ni même d’une véritable guerre civile, mais au moins d’un trouble grave et prolongé dans l’esprit public, trouble infiniment dangereux à un moment où l’Italie, comme tous les peuples d’Europe, ne pouvait avoir trop de force ni d’union à l’intérieur. Un homme politique italien d’une grande expérience, qui a occupé de hautes charges dans son pays, nous disait avoir remarqué que nulle part, en Italie, on n’avait poussé le cri de : « Vive la guerre ! » aussi longtemps que le gouvernement ne s’était pas prononcé. La guerre était dans les vœux de la nation. Mais, comme l’armée elle-même, la nation attendait le mot d’ordre royal, le commandement du chef suprême. Ce que traduisaient avant tout les manifestations populaires, c’était la fierté nationale blessée par l’intervention