140 LA FRANCE ET LA TURQUIE million d’hommes. Pour la sainte cause de l’Islam, elle saurait combattre pendant des années. Guillaume II ne désespérait pas de la voir renforcée par les Arabes, par les Afghans, par les musulmans de l’Inde et de la Chine. L’armée turque ne devait être que l’avant-garde d’une immense horde musulmane que lui, Guillaume, manierait à son gré... Voilà pourquoi l’impérial mégalomane se rendit plusieurs fois en Turquie, pourquoi il alla serrer les mains du sultan rouge, couvertes encore de sang arménien. Et pour atteindre le but qu’il s’était proposé, Guillaume II résolut de militariser à outrance l’armée turque. Dans sa pensée, elle devait former l’aile orientale de la grande armée germanique. Le raisonnement était j uste. Les Turcs restés, sous des dehors d’apathie, essentiellement soldats, devaient tout naturellement se rallier sans hésitation à la nation la plus militariste de l’Europe et, dans leur admiration pour ses officiers, se prêter sans résistance aux volontés de celui qui, pour la grandeur de la cause mahométane, voulait reconstituer la glorieuse armée turque. Voilà comment Guillaume II résolut un problème qui semblait fort complexe. Il a suivi une idée maîtresse et il a réussi.