290 LA GUERRE ET L’ITALIE moment de traiter la paix, lorsque quelque congrès s’ouvrira, il reste au moins une grande puissance européenne qui n’ait pas été son ennemie, qu’elle n’ait pas rencontrée sur les champs de bataille, avec qui elle n’ait pas créé de l’inexpiable. En outre, au point de vue économique et commercial, l’Italie était, naguère encore, tout autant que la Franco et la Belgique, considérée par les Allemands comme une sorte de dépendance et de futur protectorat. Il leur est pénible de voir, à l’avenir, leur activité entravée de ce côté-là. Ils se sentent désormais séparés de toutes les nations européennes par un fleuve de sang. Ils se rendent compte que la reprise de relations nor* maies avec le reste de l’Europe leur sera difficile. Ils aimeraient qu’il restât au moins un grand Etat européen avec qui un rapprochement immédiat fût possible sans que d’atroces souvenirs et des ressentiments vinssent s’interposer. De son côté, il est vrai, l’Italie, elle non plus, n’a pas déclaré la guerre à l'Allemagne. C'est qu’elle n’aime pas les vaines parades ni les complications inutiles. L’absence de frontières communes entre les deux pays eût rendu le conflit théorique. Et ce conflit sans effet militaire eût été propre à faire naître, notamment à l’intérieur, certaines difficultés. Il ne faut pas se dissimuler