202 LIVRE QUATRIÈME. me, el leur population alla sc réfugier dans ceux où l’on n’avait rien à craindre. Les rues el les canaux étaient encombrés d’émigrants qui emportaient leurs meubles el leurs effets; c’était un immense et lamentable déménagement. Hommes, femmes, enfants, vieillards, tous cherchaient au hasard et précipitamment à se mettre en sûreté, mais sans se plaindre, et en s'excitant les uns les aulres à supporter celle nouvelle calamité. Peu à peu la surprise el l’épouvanle firent place à la plus entière résignation, et tous protestaient que, malgré scs bombes et ses boulets, l’ennemi n’entrerail pas dans Venise. Les émigrants étaient accueillis fraternellement par les habitants des quartiers hors d’alteintc; une partie trouvèrent place dans les maisons particulières ; les aulres s’établirent dans les édifices publics, sous les portiques de la place de Saint-Marc, sur la rive des Esclavons el surtout aux jardins publics; il y en eut qui se retirèrent à Murano ou sur d’aulrcs points des lagunes, et même sur des navires. Pour éviter le désordre et le pillage, le gouvernement ordonna Pévacuation entière des quartiers atteints, et en confia la surveillance à la garde civique. On y laissait rentrer les habitants pendant le jour, mais la nuit ils devaient se retirer. La ville ne tarda pas à revenir de son émotion el le bombardement ne devait pas la forcer à se rendre. Les projectiles pénétraient à deux mille mètres dans l’intérieur de Venise, dans toute la partie située à l’ouest d’une ligne allant de la pointe de la Giu-decca aux quais neufs, à peu de distance de l’arsenal. Les quartiers non atteints étaient la Giudecca, Saint-Marc, la rive des Esclavons, le Castello, les jardins publics. La ligne de démarcation était à 5,200 mè-