T2 LIVRE DEUXIÈME. résister presque indéfiniment, c’est à la condition toutefois qu’elle se donnera la peine de se défendre, qu’elle aura des troupes, des munitions, tout ce qu’il faut enfin pour faire la guerre. Mais telle était l’illusion générale, illusion partagée par le gouvernement lui-même, qu’on se figurait les Autrichiens uniquement occupés des moyens de repasser les Alpes pour éviter une destruction complète. Toute précaution semblait inutile, et les quelques dispositions militaires que l’on prenait passaient pour un excès de prévoyance. On voyait l’indépendance cl la régénération de l’Italie accomplies, l’Autriche démembrée, la face de l’Europe entièrement changée. Venise, après le départ des Autrichiens, resta plusieurs jours sans aucun moyen réel de défense, et aurait pu èlre réoccupée sans grande difficulté, si quelques bataillons s’étaient présentés au bord des lagunes; mais Ra-delzky était alors dans une position trop fâcheuse pour songer à tenter quelque chose de ce côté, bien que Venise fût sa meilleure communication avec Vienne. Les troupes italiennes restées à Venise, se composaient de trois bataillons d’infanterie et de quelques détachements de diverses armes, faisant environ 5 mille hommes, soldats exercés et disciplinés, qui auraient formé un excellent noyau et fourni des cadres pour l’armée qu’il fallait créer. Mais on s’empressa de licencier des troupes qui avaient servi l’Autriche, cl on se priva ainsi de la seule force régulière qui fût à Venise. On hâta l’organisation de la milice à (pii, par un esprit de municipalité fort malentendu, on donna le nom de garde civique, au lieu de celui de garde nationale. On décréta ensuite la formation de dix bataillons de volontaires, d’une garde civique