LIVRE DEUXIÈME. 101 Lombardie et la Vénilie, faisaient elles-mêmes peu d’efforts; leurs populations, vivant depuis longtemps dans l’indolence et la mollesse, n’étaient pas devenues éminemment braves. Elles avaient cru, en voyant combien l’insurrection avait été facile, que la guerre était une partie de plaisir, et ne s’étaient pas attendues aux épreuves et aux traverses continuelles auxquelles elle expose. Au fond, elles ne demandaient pas mieux que de rester tranquilles, et leur nature pacifique l’emportait sur leur patriotisme. On parlait bien de mesures énergiques, de levées en masse ; mais ce n’étaient là que de vaincs déclamations, qui n’avançaient pas les affaires et qui n’effrayaient plus les Autrichiens. C’était sur le Piémont et sur Venise que portait maintenant tout le poids de la guerre ; le Piémont s’épuisait en hommes et en argent. Son armée, dont l’ardeur s’était bien soutenue jusque-là, avait presque toujours été heureuse dans scs rencontres avec l’ennemi, et avait fait preuve de plus de bravoure et de résolution qu’il n’en aurait fallu pour remporter des avantages décisifs si elle avait eu un chef ; mais les troupes les plus braves dans des mains inhabiles sont capables de peu de chose. Une guerre mal conduite, et dans laquelle de braves gens périssent sans utilité et sans gloire, est le plus déplorable spectacle , et c’est celui que présentait l’armée piémontaise. La lenteur et la mauvaise direction des opérations de Charles-Al-bert étaient telles qu’elles faisaient le plus beau jeu à l’ennemi, cl donnaient lieu à d’injustes soupçons cl à d’infàmes calomnies. Toutes les chances favorables à l'Italie avaient donc disparu, et les difficultés avaient surgi de toutes parts ; et ce qui aurait été facile en avril et mai, LE MASSOR.