LIVRE PREMIER. persister dans une neutralité de plus en plus périlleuse, ce devait être du moins une neutralité armée. Elle adopta le plus mauvais de tous les partis, la neutralité désarmée; ce fut là sa perte, et s’il est impossible d’affirmer que toute autre conduite l’aurait sauvée, elle aurait du moins fini d’une manière honorable, digne d’elle et de tant de glorieux souvenirs. Bonaparte (il d’inutiles efforts pour l’engager à s’allier à la France ou à s’armer el à ne plus laisser les Autrichiens passer sur son territoire. Ceux-ci. au contraire, la voyaient avec satisfaction rester désarmée; victorieux, elle était à leur merci; vaincus, ils se faisaient dédommager à ses dépens sans qu’elle pût s’y opposer. Venise vit pendant huit mois son territoire traversé dans tous les sens par les Autrichiens au levant, occupé par les Français au couchant, et assista impassible aux luttes à jamais mémorables qu’ils se livrèrent autour de Vérone et de Manloue. Après la bataille de Rivoli et la capitulation de Manloue, en janvier et février 1797, Bonaparte, voulant rejeter complètement l’Autriche hors de l’Italie et entreprendre une marche audacieuse sur Vienne, offrit de nouveau l’alliance de la France aux Vénitiens. Leur concours l’aurait dispensé de laisser des détachements sur leur territoire, aurait augmenté son armée d’une partie de leurs troupes el mis leur marine à sa disposition. Il fit tout ce qu’il élail possible pour les attirer à lui, leur promit de grands avantages, leur offrit Manloue et tout ce qui pouvait fortifier leurs frontières. Ces offres étaient sincères, el ni lui, ni le Directoire, ne songeaient à livrer Venise à l’Autriche. Tout fut inutile. Venise avait une aversion excessive pour les principes de la Révolu-