LIVRE DEUXIÈME. 77 toute la Péninsule, et l’instinct des masses ne s’y trompait pas. Tous ces volontaires prenaient le nom de Croises, nom un peu emphatique et n’exprimant pas une idée bien juste, mais indiquant les sentiments des populations contre l’Autriche. Dès les premiers jours d’avril, il y eut quelques engagements entre ces volontaires et les troupes de Radelzky. Le 7, huit à neuf cents d’entre eux, la plupart étudiants, rencontrèrent un corps autrichien dans les environs de Montebello, sur la route de Vicence à Vérone, cl soutinrent pendant plusieurs heures un combat assez vif, sans céder le terrain. Le lendemain matin, on en vint de nouveau aux mains, mais l’ennemi, plus nombreux que la veille, tourna les collines de Sorio auxquelles s’appuyaient les Italiens, qui se voyant entre deux feux, se débandèrent et s’enfuirent, les uns vers Vicence, les autres vers Arzi-gnano; leur perte fut de 200 tués ou blessés et d’une trentaine de prisonniers. Leur rentrée à Vicence y causa une telle alarme que toutes les autorités prirent la fuite, mais les Autrichiens ne s’avancèrent pas. Le 17, la garnison de Palmanova voulut aller attaquer les avant-postes autrichiens sur la rive droite de l’isonzo, du côté de Visco ; elle s’empara de Visco, mais l’ennemi le reprit bien vite, secondé par les habitants eux-mêmes, et les Italiens se retirèrent avec une perle d’une cinquantaine d’hommes. Ces affaires et quelques autres du même genre mirent un certain découragement dans les rangs des volontaires, el l’on put voir dès lors que malgré leur ardeur et leur patriotisme, il y avait peu de fonds à faire sur de tels soldats, qui ne savaient pas conserver, dans les moments difficiles, la tenue el l’aplomb sans lesquels toule opération de guerre est imprati-