168 LIVRE QUATRIÈME. et laissait un délai de quaranle-huil heures à toutes les personnes qui voudraient quitter la ville. Manin répondit que Venise persistant dans la résolution de se défendre , se confiait dans la médiation ou les bons offices de la France et de l'Angleterre, et était prête à entamer des négociations dont la base serait la garantie d'une existence politique en Apport avec sa nationalité et ses mœurs. Il donnait ainsi à entendre que Venise désirait êlre quelque chose comme une ville libre impériale ou ville anséatique de l’empire, et depuis Novare, c’était en effet la seule chose à espérer, à moins de grands changements dans la politique de l’Europe. Venise, il est vrai, ne pourrait aujourd’hui prospérer dans l’isolement, les temps sont trop changés, et c’est à peine si elle pourrait subsister. Mais du moins elle ne serait plus sous la domination de l’étranger; l’indépendance est le bien le plus précieux, elle peut faire supporter bien des maux. Radctzky, furieux d’une réponse si contraire à scs désirs, déclara que l’Autriche ne permettrait jamais à des puissances étrangères de s’interposer entre elle et ses sujets rebelles, qu’il cessait toute correspondance avec Venise, el que ses habitants auraient à subir le sort de la guerre. Mais il ne devait pas toujours se montrer si intraitable, el on le verra bientôt disposé à donner suile aux négociations proposées par Manin. La population de Venise, bien décidée à la résistance, approuva le langage ferme de Manin, et ne tint aucun compte de la proclamation et de la colère de Radctzky. La manière dont la garnison de Malghera venait de soutenir une première attaque avait porté au plus haut point l’ardeur et les espérances de tous; on considérait Malghera comme inexpugnable, el on prenait