78 LIVRE DEUXIÈME. cable. C’est qu’il y a une grande différence entre le courage naturel qui n’est qu’une affaire de tempérament et qui est fort variable , et le courage acquis qui est le vrai, qui est constant, et qui joint à la discipline, fait la force des armées. Le gouvernement piémontais, placé entre une révolution et la nécessité de soutenir ouvertement et de toutes ses forces la cause de l’indépendance, avait pris résolument son parti, et déclaré la guerre à l'Autriche, et l’armée piémonlaise, sous les ordres du roi Charles-Alberl, était entrée en Lombardie. Arrivée sur le Mincio dans les premiers jours d’avril, sans avoir rencontré de résistance, elle avait rejeté immédiatement l’ennemi de l’autre côté du fleuve, et s’était emparée des points de passage; mais, au lieu de pousser ses succès, elle s’arrêta là pour attendre des renforts, se bornant à occuper sur la rive gauche Valleggio, et à faire des tentatives ridicules contre Peschiera et Manloue. A la fin d’avril, Charles-Albert avait sur le Mincio GO mille Piémontais avec 8 mille Toscans, Parmesans et Modenais ; 17 mille Romains arrivaient à sa droite sur le bas Pô, et 4 à 5 mille Lombards occupaient à sa gauche les gorges du Tyrol. C’étaient 90 mille hommes environ, avec lesquels il pouvait franchir l’Adige, pénétrer en Vé-nitie, couper les communications de l’armée autrichienne, et développer l’insurrection de tous côtés autour d’elle jusque dans le Tyrol. Mais ce prince, d’un caractère irrésolu, ne comprenant rien à l’art de la guerre, entouré de généraux peu capables, ne fit que des opérations lentes, timides et mal combinées, ne sut pas même profiter de quelques beaux succès, dus uniquement à la valeur de ses troupes, et perdit un temps précieux pendant lequel l’ennemi