LIVRE TROISIÈME. trabaccoli, bâtiments légers, destinés à la navigation des cotes, mais que l’on espérait pouvoir aventurer en pleine mer. Comme le nombre des marins était à peine suffisant pour les besoins actuels, on fit de nouveaux enrôlements pour la marine, et on institua une garde civique de marine, composée de gondoliers et de pécheurs, et destinée à faire, dans les moments urgents, le service des bâtiments des lagunes. Il fallait aussi songer aux finances. Les ressources actuelles, réalisées ou à réaliser, ne suffisaient guère que pour deux mois. Manin décréta un nouvel emprunt de 5 millions sur les plus riches familles qui s’empressèrent de l’acquitter. L’État avait dans ses magasins des tabacs et des sels pour une valeur d’environ 5 millions; ils furent cédés à la municipalité pour une même somme de papier communal qu’elle fut autorisée à émettre, ce qui porta à 15 millions la circulation de ce papier. On vit aussi à celte époque recommencer les offrandes volontaires, et tout le monde, riches et pauvres, fit preuve d’un beau, désintéressement el d’un grand patriotisme. Malgré tout cela, les moyens financiers de Venise étaient encore fort restreints, et il élail facile de prévoir que ce serait là un des grands embarras de la défense. Cel embarras se faisait même déjà sentir, car de peur d’épuiser les finances, on mettait peu d’empressement à acheter des vivres qui pendant la plus grande partie d’avril auraient pu arriver en assez grande abondance, et par terre et par mer. Plus tard, et pendant toute la durée du siège, il en serait toujours entré une certaine quantité, si l’on avait pu les payer un grand prix el en numéraire. Manin manqua de résolulion; les nécessités de la