LIVRE DEUXIÈME. 89 espions ni explorateurs habiles, et n’osait s’aventurer contre les postes ennemis, dont il ignorait la force et souvent même la position ; à la guerre la vérité est toujours difficile à connaître, on ne l’obtient qu’à force d’activité et de sagacité. Tout se bornait à des escarmouches, de petites reconnaissances, des engagements entre les barques canonnières et les batteries autrichiennes, et cela n’aboutissait à rien. Les deux seules tentatives un peu importantes des Véniiiens, à celte époque du blocus, furent une attaque contre Cavanella et une sortie de Malghera. Le fort de Cavanella est situé en avant de Bron-dolo, sur l’Adige, à la tête du canal de Valle qui unit ce fleuve à la Brenta et aux lagunes; son objet principal est, en couvrant ce canal, de faciliter les communications avec le dehors. Les Vénitiens qui avaient eu la négligence de le laisser occuper par l’ennemi voulurent le reprendre. Seize cents hommes avec deux canons, sous les ordres du général Ferrari, partirent de Brondolo dans la nuit du 6 au 7 juillet, et arrivés à St-Anna, se partagèrent en trois colonnes. Celle de droite longea le canal de Valle ; celle du centre prit la route qui passe entre ce canal et l’Adige, et celle de gauche alla passer l’Adige à Portesine pour remonter la rive droite. Cette colonne devait se montrer la première et attaquer la gorge du fort; les autres, quand elles auraient vu l’ennemi bien occupé sur ce point, auraient attaqué par les autres côtés, et tenté d’escalader les retranchements qui ne sont pas revêtus. Mais les ordres ne furent pas exécutés avec précision ; les barques qui devaient se trouver à Portesine au jour, pour faire passer l’Adige à la colonne de gauche, n’y furent qu’à 10 heures, et mirent beaucoup de temps