LIVRE DEUXIÈME. leur trahison, sous des semblants d'humanité ou de libéralisme. Le départ des troupes et des autorités autrichiennes, commencé le 22 au soir, aussitôt après la capitulation, s’effectua avec ordre et sans difficulté. Les commandants des divers corps obéirent à Zichy; quelques-uns cependant manifestèrent d’abord l’intention de résister, et si un seul eût différé de se retirer, Venise était peut-être conservée à l’Autriche. Elle aurait pu l’être encore d’une autre manière. Le général d’Aspre, commandant le deuxième corps de l’armée autrichienne, officier habile et énergique, était à Padoue avec 4 à 5 mille hommes. Padoue n’est qu’à 50 kilomètres de Venise, à laquelle elle est reliée par un chemin de fer. Mais Mestre et Mal-ghera étant au pouvoir des insurgés, d’Aspre ignorait ce qui se passait à Venise, et ne s’attendait pas à tant de faiblesse de la part de Palfy et de Zichy. Il dut d’ailleurs, sur l’ordre de Radetzky, évacuer Padoue le 24 pour marcher vers l’Adige et le Mincio où le maréchal concentrait ses forces. Il y avait à Venise, au moment de l’insurrection, plusieurs étrangers de distinction, dont le plus marquant était le prétendant légitimiste de France. Ce jeune prince, qui réclame une couronne qui lui a été arrachée en 1830 pour être donnée à un autre sur la tête duquel elle a été ensuite brisée, s’éloigna bien vite de. Venise insurgée, comme s’il n’était pas capable de soutenir la vue d’un événement révolutionnaire; il aurait mieux fait de rester, pour voir de près un peuple qui s’agite et étudier sur place le caractère et l’action des révolutions. Dans toutes les villes de la Vénitie, les choses se passèrent à peu près comme à Venise; les autorités