LIVRE DEUXIÈME. 10'. vues, el qui calomniait cl outrageait leur souverain qu’elles aimaient. Venise faisait bien de ne pas se soumettre, mais elle devait mieux apprécier les efforts du Piémont dans cette malheureuse guerre; efforts bien autrement importants et méritoires (pie les siens. La nécessité seule avait déterminé Char-les-Albert à signer l’armistice de Milan. Ce prince n’élait pas un traître, par la raison qu’on ne se trahit pas soi-même, el que personne n’avail autant d’intérêt que lui à triompher de l’Autriche. Un ne pouvait lui reprocher que de l’incapacité, cl c’était un reproche que Milan et Venise ne s’étaient pas acquis le droit de lui faire. Après le départ de la flotte sarde, l’Autriche déclara de nouveau le blocus de Venise; les forces navales de cette ville ne pouvaient plus s’aventurer hors des lagunes, et la flotte autrichienne s'approcha du littoral. Mais les nombreux bancs de sable qui le précèdent et les grands vents qui régnent dans ces parages, à partir de l’équinoxe d'automne jusqu’au printemps, ne lui permettaient pas de serrer beaucoup la côte. Quoique Venise ne pût recevoir des provisions que des côtes des Étals romains, puisque tous les autres rivages de l'Adriatique appartenaient à l’Autriche ou à Naplcs, il en arrivait en assez grande quantité, et les Autrichiens saisissaient bien rarement quelques-uns des bateaux qui partaient continuellement de Ravennc cl de Comacchio pour les lagunes. Il y avait encore un autre point de la Vénitie qui continuait à braver l’Autriche. A 150 kilomètres de Venise, au pied des Alpes, dans la haute vallée du Tagliamenlo cl au débouché de la roule qui mène d’Allemagne en Italie par le col de Tarvis, s’élève un rocher isolé, que couronnent le village el le fort