■ LIVRE PREMIER. 19 même la direction de la guerre, devint la protectrice du nord de l’Italie et le centre des négociations de l’Empire avec le Saint-Siège, dont elle soutint aussi les droits contre les prétentions des empereurs. Venise prit part aux Croisades, mais sans l’en-ihousiasme naïf des autres peuples; ce fut plutôt pour elle une affaire de spéculation et de conquête, et tandis que l’Europe se ruinait dans ces saintes entreprises, la ville des lagunes sut y trouver richesses et puissance. Elle se chargea plusieurs fois de transporter les croisés en Terre-Sainte, et ceux-ci acquittent leur passage en faisant pour elle, malgré les menaces et même les foudres des papes, des expé-dilions qui n’avaient rien de commun avec le but des Croisades. C’est ainsi que Venise, unie aux Français, s’empara de Constantinople, s’enrichit des dépouilles de cette magnifique capitale où, depuis Constantin, les empereurs avaient accumulé d’incalculables richesses, détruisit l’empire grec et prit possession de plusieurs points maritimes de cet empire. Les Vénitiens, dans leurs efforts pour avoir le monopole du commerce, triomphèrent assez facilç-Imenl des Siciliens, des Pisans et d’autres peuples; mais ils trouvèrent dans les Génois des rivaux formidables qui leur disputèrent vivement la suprématie des mers. Gènes, située sur la Méditerranée, au pied d’arides roches, comme Venise sur l’Adriatique, au milieu des marais, était aussi sans territoire, et lirait de même toute sa puissance du commerce et de la navigation. Elle avait quelques avantages sur sa rivale; elle était mieux placée pour communiquer avec la France, l’Espagne, l’Afrique, elle avait un port meilleur; mais elle était accessible par terre