NOTES. 225 compte des obstacles, et à s’abandonner à toute l’impertinence de son génie pour tenter les entreprises les plus hasardées, les plus énormes, et qu’il n’était donné à aucun homme de pouvoir réaliser. La paix de Campo-Formio était certainement très-brillante pour la France à qui elle procurait de riches et populeuses provinces, et donnait ses limites naturelles; mais elle sacrifiait Venise et augmentait l’asservissement de l’Italie, et cela, au moment même qu’il était facile de forcer l’Autriche à renoncer tout à fait à la Péninsule et à se contenter de la sécularisation de quelques états en Allemagne. Les îles Ioniennes, que la France se réservait pour sa part des dépouilles de Venise, étaient peu de chose en comparaison du lot qu’elle accordait à l’Autriche; la saine politique voulait que, pour ne pas donner à son éternelle rivale une telle indemnité, elle respectât Venise, et continuât une guerre dont toutes les chances étaient pour elle. (1) .page 58. Le royaume Lombard-Vénitien, formé en 1814, avec le Milanais, leMantouan, les États Vénitiens de terre ferme, s’appuie au nord sur les Alpes, au sud sur le l’ô et l’Adriatique, et s’étend de l’est à l’ouest, depuis l’Isonzo jusqu’au Tessin. La partie septentrionale est très-montagneuse et renferme plusieurs lacs; la partie méridionale n’offre que des plaines d’alluvion coupées en tous sens par une multitude de fleuves, de rivières et de canaux. La superfioie est à peu près de 5 millions d’hectares; la population de 5 millions d’habitants, tous de même origine, parlant la même langue, professant la même religion. Ce pays n’a jusqu’ici formé qu’en apparence un royaume à part. Le vice-roi, sans aucun pouvoir réel, n’était qu’un intermédiaire entre le cabinet de Vienne et les habitants. Toute l’administration était allemande. On ne laissait jamais la population mettre la main à ses propres affaires, sur lesquelles elle n’était pas même consultée. Il faut reconnaître cependant que, sous certains rapports matériels, l’Autriche traitait assez bien le pays. La justice civile était rendue avec impartialité, l’agriculture encouragée; les voies de communication étaient bien entretenues.