164 LIVRE QUATRIÈME. vénilien Paolucci qui commandait le fort depuis quelque temps, mal vu de la population de Venise et des troupes, était l’objet de soupçons continuels qui redoublèrent à l’approche du siège: il fallut lui enlever le commandement que Pepe confia à un officier napolitain, habile et jouissant de la confiance des troupes, le colonel Ulloa. Celui-ci poussa activement divers travaux négligés jusqu’alors, et qui devaient améliorer les conditions de la défense. Il fit exhausser les parapets, refaire les talus, élever des traverses, préparer des mines. Il voulut aussi construire une écluse dans le canal de Mestre, et détourner plusieurs cours d’eau pour pouvoir noyer les tranchées de l’ennemi. Enfin il ordonna la construction, sur l’une des casernes, d’une batterie de 12 pièces qui, par sa position dominante, aurait eu une grande action sur le terrain de l’attaque. Mais plusieurs de ces travaux ne purent être achevés; il était aussi trop tard pour nettoyer les environs du fort de tout ce qui masquait et favorisait les approches. Malghera laissant entre lui et la rive des lagunes un espace de près de deux kilomètres, l’assiégeant devrait chercher avant tout à occuper cet espace, pour tourner le fort, couper ses communications avec Venise et l’isoler complètement. S’il parvenait à s’établir de ce côté, le fort ne pourrait tenir longtemps, et il ne serait pas nécessaire d’ailleurs d’attendre sa reddition pour entreprendre l’attaque des lagunes. Mais une telle opération que la nature des lieux rend extrêmement difficile en tout temps, était impossible à l’époque où les Autrichiens allaient commencer le siège; les pluies, le débordement de l’Osellino, avaient rendu le terrain tout à fait impraticable en arrière des trois forts, et même sur