LIVRE QUATRIÈME. 205 do hâter de quelques jours la reddition de la malheureuse Venise, et d’ailleurs ils n’y réussirent même pas. Ce bombardement n’était pas, en effet, ce qui devait forcer la ville à se rendre; elle était frappée de maux plus redoutables. Le manque de vivres se faisait cruellement sentir, et le choléra, dont les symptômes avaient paru depuis quelque temps déjà sans qu’on s’en inquiétât beaucoup, se développait sous l’influence des grandes chaleurs, de la mauvaise nourriture, de la concentration de la population, et sévissait avec beaucoup d’intensité. Malgré un tel état de choses, le gouvernement était loin de songer à cesser la résistance ; convaincu de l’inutilité des efforts de l’assiégeant contre la ligne de défense, et voyant la population braver le bombardement, il voulait tenir tant que le manque absolu de vivres ne le forcerait pas à capituler. Il ne négligeait rien pour engager les habitants à persévérer, et pour soutenir leur moral. Une partie paraissaient décidés à résister tant qu’ils auraient un peu de pain, à laisser faire de Venise un monceau de décombres plutôt que de céder; mais on pense bien que ces dispositions énergiques n’animaient pas tout le monde, et c’était là une conséquence de nos mœurs trop amollies. Comme la défense cause rarement un dommage matériel bien considérable à la masse d’une population, une partie, plus soucieuse de bien être que d’indépendance et de dignité nationale, aimait mieux se soumettre que de se condamner aux souffrances qu’enlraine nécessairement une défense à outrance, quand même cette défense est toute passive, comme c’était ici le cas. Les partisans de la capitulation firent circuler une pétition dans laquelle on priait l’As-