LIVRE QUATRIÈME. 207 pulation, les ravages du choléra, la certitude de manquer bientôt complètement de vivres, tout cela convainquit l’assemblée que la résistance ne pouvait plus durer longtemps, et Manin lui-mème déclara que la situation n’était plus tenable. L’assemblée concentra alors tous les pouvoirs dans les mains de Manin et lui confia le sort de Venise, et quoiqu’elle se fût réservé la ratification des arrangements qu’il pourrait conclure avec l’Autriche, elle ne prit plus, à partir de ce jour, 6 août, aucune part aux affaires, et ce fut là son dernier acte. Devenu possesseur unique du pouvoir, Manin se montra beaucoup moins pressé de traiter, et chercha à s’appuyer sur le parti de la résistance qui ne voulait capituler à aucune condition. Tandis qu’on avait pu mobiliser mille hommes de la garde civique, ce parti prêchait une levée en masse pour se jeter sur l’armée assiégeante, et fit des démonstrations tumultueuses que le gouvernement, dans l’intérêt même de la résistance, fut obligé de réprimer. Manin tint un langage sévère aux agitateurs, leur dit qu’il fallait des actes et non des paroles, et fil ouvrir des registres d’enrôlement sur la place Saint-Marc, au milieu des groupes qui se montraient les plus exaltés et qui demandaient le plus fort la levée en masse; ¡1 y eut une vingtaine d’inscriptions. L’heureux succès de la sortie de Brondolo avait fait croire à une partie de la population qu’on pourrait, de temps à autre, se procurer ainsi des vivres; mais c’était là une grande erreur. On a vu qu’une autre sortie de Treporti n’avait donné aucun résultat. L’armée‘assiégeante, qui avait reçu plusieurs fois des renforts, était fort supérieure en nombre; elle venait de faire retirer les habitants et transpor-