LIVRE TROISIÈME. 145 moins; que les désertions étaient fréquentes, et que Radetzky, obligé de garder beaucoup de points et de bloquer Venise , ne pourrait pas mettre ensemble, pour faire campagne, 40 mille hommes. Ces renseignements étaient fort erronés , mais remplissaient bien le but de Manin, qui était d’entraîner le Piémont à reprendre les hostilités le plus tôt possible. Pepe, de son côté, était en correspondance avec le roi et le ministre de la guerre. Grand faiseur de projets, il envoyait à Turin et aussi à Rome force plans de campagne. Dans l’un de ces plans, il proposait de partager l’armée piémontaise en deux corps, dont le premier garderait Gènes, Alexandrie et l’Apennin pour arrêter l’ennemi s’il voulait envahir le Piémont, tandis que le second, pénétrant en Véni-tie, irait prendre Padouc et Venise pour base de ses opérations ; une telle division était le meilleur moyen de se faire battre. Un autre plan de Pepe consistait à former dans la Vénitie une armée mixte de Vénitiens, Piémontais, Romains et Toscans, de 50 mille hommes au moins, sans compter la garnison des lagunes; il aurait embarqué cette armée pour aller occuper Trieste, Pola, Fiume, soulever l’Istrie et la Dalmalie, et ouvrir des communications avec la Hongrie, ou bien il serait allé révolutionner le royaume de Naples, pour revenir avec 100 mille hommes combattre Radetzky. Ce n’étaient pas là des plan?, mais de véritables rêves, et au lieu de perdre son temps à imaginer des conceptions si démesurées, Pepe aurait beaucoup mieux fait de s’occuper de la réalité d’une défense active cl énergique des lagunes. Tout ce qu’il pouvait cl devait faire, dans les premiers temps de la campagne, était d’obliger l’ennemi, par une attitude entreprenante et par des at-