LIVRE PREMIER. 15 Los idées et les études se tournèrent alors vers l’ancienne Grèce et l’ancienne Rome, ces sources du savoir humain; l’architecture suivit ce mouvement, et ce fut là l’origine de ces styles divers qui marquèrent l’époque dite de la Renaissance, et qui avaient tous beaucoup d’analogie avec les styles grec et romain , dont ils n’étaient souvent qu’une imitation servile. Venise n’adopta pas ainsi aveuglément les règles et les exemples de l’antiquité, et se créa un genre d’architecture particulier, tenant un peu de lous les styles, mais surtout du grec et de l’arabe. C’est une architecture au profil gracieux, aux arcs arrondis, aux colonnes cl aux chapiteaux différents de ceux des anciens; légère, sobre d’ornements et de détails. A partir du milieu du xvue siècle, à Venise comme partout ailleurs, l’architecture se gâta, imila maladroitement l'antiquité ou tomba dans toutes sortes de bizarreries, et n’a pu encore sortir complètement de celte fausse voie (a). Venise n’a pas été moins heureuse dans les autres branches des beaux arts, particulièrement en peinture; il suffit, pour en donner une idée, de citer les noms du Titien, du Tinloret, de Paul Veronèse, près desquels brillent encore ceux d’une foule d’autres maîtres habiles. L’école vénitienne est une de celles qui ont jeté le plus d’éclat; ses peintres, dont la palette a toujours quelque chose d’oriental, se sont particulièrement distingués par la beauté du coloris, la distribution de la lumière et de l’ombre, la hardiesse de la touche, et par leur génie de composition dans les grands tableaux historiques. La littérature, les sciences, toutes les branches des connaissances humaines ont été aussi cultivées à Venise avec beaucoup d’éclat, et jusqu’au xvie siècle