154 LIVRE TROISIÈME. La partie matérielle de la défense avait été moins négligée. On avait, soit dans les corps, soit en magasin, des armes en quantité suffisante. II y avait environ mille bouches à feu de toute espèce, tant pour l’artillerie de terre que pour la marine. Celte nombreuse artillerie se trouvait à Venise au moment de l’insurrection, et l’on avail seulement fondu quelques canons à la Paixhans et quelques pièces, de campagne ; mais on avail construit plus de 500 affûts. Les approvisionnements en projectiles étaient considérables, et l’on avait monté une fabrique de poudre dans l’île des Grâces, au sud et à peu de distance de Venise. Au moment du départ des Autrichiens, la plupart des points fortifiés n’étaient pas en bon état de défense ; on avail exécuté les travaux nécessaires, et vers le mois d’avril 1849, tous les points importants laissaient peu à désirer. On avait fait à Brondolo un long retranchement allant du fort à la mer, et élevé plusieurs batteries en avant, le long de la Brenla ; on avait aussi augmenté les fortifications de Treporti cl de Malghera, de sorte que les trois points abordables, les deux extrémités et le centre, se trouvaient à l’abri de toute surprise, et capables de résister à de fortes el longues attaques. On avait, enfin, établi un réseau de lignes télégraphiques partant de la grande tour de Saint-Marc. Mais par la plus inconcevable erreur, on avail donné peu de soins à l’élément capital de la défense, la marine. Venise esl si heureusement siluée, la nature et l’art ont. lant fait pour elle, qu’elle peut, avec des ressources telles que celles qu’elle avait alors, et pour peu que la defense soit habile, opposer la plus longue résistance,une résistance indéfinie ; elle n’a à craindre que le manque de munitions et sur-