LIVRE QUATRIÈME. 165 La défense d’un fort est une affaire spéciale, exigeant des connaissances positives, une science dont les applications sont déterminées et précises. Là rien ne peut suppléer à l’étude et à l’expérience, et il n’y a pas à se livrer à dés combinaisons ou des inspirations comme dans d’autres opérations de guerre. Parmi les officiers vénitiens de toutes armes, aucun ne connaissait bien la guerre de siège, et Pepe, déjà peu habile dans les antres parties de l’art militaire, n’entendait absolument rien à celle-là; aussi Malghera eût-il été très-mal défendu sans les officiers napolitains des armes spéciales. Dans cette occasion, comme dans toutes celles qui suivirent, le mérite et l'honneur de la résistance reviennent surtout à ces officiers. Au reste, on ne peut pas appliquer le nom de siège, dans sa véritable acception, aux opérations d’attaque contre Malghera. Le terrain ne permet pas de faire ces travaux réguliers et successifs au moyen desquels on arrive à prendre pied sur les remparts attaqués. On ne peut qu’établir, sur certains points, des batteries reliées entre elles par des tranchées discontinues, et battre de loin les ouvrages avec une artillerie très-supérieure, pour les endommager au point qu’ils puissent être emportés de vive force, ou que la garnison soit obligée de les rendre ou de les évacuer. On conçoit combien un tel état de choses est avantageux à la défense puisque, dans les conditions ordinaires, l’assiégeant ne donne l’assaut qu’après avoir fait brèche au rempart et préparé le passage du fossé. Pepe ne mit à Malghera que 2,500 hommes, garnison un peu faible; l’armement consistait en 150 bouches à feu, quelques fusils de rempart et une assez grande quantité de fusées à la Congrève. Le général