LIVRE PREMIER. 55 vers des religieux aussi redoutables que les Jésuites. Venise était le pays catholique où il y avait le moins d’abus religieux. Elle élail d’ailleurs très-fidèle au dogme et à la foi, mais en même temps fort tolérante pour les autres croyances, qu'elle ne persécuta jamais. Elle avait un grand nombre de monastères et de couvents; le gouvernement ne les voyait pas d’un mauvais oeil, sachant que ces établissements sont utiles aux particuliers et à l’état. Ils servent de vomiloires à la société en recevant les gens déclassés, les esprits exaltés et dangereux; leurs biens sont des réserves qu’on a sous la main en cas de besoin; plusieurs fois la république sut en tirer de grandes ressources. Un des côtés faibles de Venise était son organisation militaire; elle n’aurait pas péri, elle aurait peut-être même réuni sous sa domination toute l’Italie, si à tant d’autres éléments de force elle avait joint l’élément militaire; mais elle n’eut jamais que des troupes mercenaires, composée de soldats de toutes les nations, et auxquelles elle adjoignait quelques milices nationales. Défiante et soupçonneuse comme toutes les républiques, voyant autour d’elle une foule de soldats heureux parvenir à se faire un trône, et redoutant par-dessus tout celte influence que donne le commandement des armées, elle ne le confiait qu’à des étrangers, et plaçait auprès d’eux des pro-véditeurs chargés de les surveiller et de réprimer la moindre tentative ambitieuse. Les armes n’étaient pas assez appréciées; la masse de la population avait peu de goût pour la guerre, et la noblesse, meilleure sous tant de rapports que celle des autres pays, lui était très inférieure dans le métier des armes. Venise fil cependant d’importantes conquêtes, mais